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Le 20 février 2019

Que préconisez-vous comme « solutions » pour « régler » cette « nouvelle question laïque » ?

 

Il faudrait commencer par appliquer la loi de 1905 sur un certain nombre de sujets où elle n’est pas respectée, notamment sur les réunions politiques dans les lieux de culte, comme prévu par l’article 26. L’article 2 sur la séparation des Églises et de l’État a, quant à lui, subi une dégradation considérable du fait notamment de la jurisprudence du Conseil d’Etat, en particulier dans les communes [baux emphytéotiques pour construire des mosquées par exemple ou subvention d’une bibliothèque séparée du lieu de culte NDLR]. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs constitutionnalisé l’article 1de la loi de 1905, mais pas l’article 2, en particulier sur la question de la subvention. C’est un angle mort dans lequel s’engouffre tout le financement de l’islam, qui ne disposait pas d’édifices religieux en 1905. Or, certains maires jouent un jeu clientéliste, ce qui donne lieu à des antagonismes très forts lors des constructions de mosquées.

Il y a par ailleurs une réflexion à mener sur la façon de remettre l’enseignement de la laïcité et des valeurs de la République au cœur du cursus des élèves, mais aussi dans la formation des maîtres dans les Espé, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. L’actuel ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a vraiment pris le problème à bras-le-corps avec divers dispositifs. Je suis un soutien vigoureux et actif de l’action du ministre actuel qui me paraît aller dans le bon sens.

Une autre dimension porte sur le débat public. Tous les responsables politiques, tous ceux qui interviennent dans le débat, doivent se saisir de la laïcité sans en faire une polémique systématique et stéréotypée sur l’islam. Pour cette raison, j’ai fondé le Printemps républicain, une action collective qui permette « la ligne de crête », afin de montrer qu’il existe un chemin républicain, ce qui est difficile au milieu des abîmes identitaires. Le Printemps républicain a été créé pour penser la laïcité au moment où elle était mise en cause par l’islamisme comme une barrière à l’intégration des musulmans mais en fait sur un mode communautariste. Il entend combattre les dérives identitaires et donner des propositions dans le débat public qui vont à l’encontre des idées reçues et de cette doxa répandue notamment à gauche.

Mais nous ne pensons pas non plus que la liberté serait de croire ce que l’on veut sans aucune cohérence, car sinon, la loi du plus fort l’emporte, notamment la loi de la communauté. L’an dernier, j’ai posté sur Facebook la photo de la responsable de l’Unef de la Sorbonne, Myriam Pougetoux, qui intervenait voilée dans un reportage sur M6, avec comme légende ironique « Convergence des luttes ». Cela a déclenché un tsunami polémique. L’Unef m’a aussitôt taxé d’islamophobie. Mais le problème n’est pas son voile mais le fait qu’elle soit présidente de l’Unef Sorbonne, une organisation syndicale de gauche qui a défendu la laïcité, l’émancipation des femmes, le mariage pour tous mais aussi à la PMA. Il y a dans les choix que l’on fait des cohérences et des responsabilités auxquels on ne peut échapper. Il y a une contradiction immédiate et visuelle entre ces mouvements d’émancipation, de liberté et ce voile ; contradiction lorsqu’on dit qu’on porte le voile et qu’en même temps on est pour l’avortement et le mariage homosexuel, ce que Myriam Pougetoux, prudente, ne dit jamais. Pour une raison bien simple, c’est que lorsqu’elle retournera dans sa famille, auprès de ses coreligionnaires, ils seront légitimes à l’interroger sur ses positions sur l’avortement et l’homosexualité. Il y a une contradiction fondamentale avec ce qu’enseignent les religions qui sont toutes opposées à l’avortement. Je ne comprends pas qu’on ne la voie pas. Bien souvent à gauche, on considère que les femmes peuvent faire le choix de porter le voile. Ce n’est pas la question. Étant de gauche, on ne peut considérer que le voile représente l’émancipation de la femme alors qu’il s’agit d’un instrument de soumission.

Surtout que dès qu’on parle d’économie, de liberté de travail, les mêmes ne définissent plus la liberté comme « c’est mon choix » mais prônent la régulation du marché pour éviter que ne règne la loi du plus fort. Comment peut-on être libéral en matière morale et anti-libéral en matière économique ? Comme si ce n’était pas pareil. Dans la même logique, pourquoi n’aurait-on pas le droit et le choix d’exploiter des gens s’ils sont consentants ?

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