skip to Main Content

C’est la proportion d’élèves des quartiers prioritaires qui se disent angoissés de ne pas réussir à l’école selon une grande consultation nationale de l’Unicef, parue fin novembre 2016. Cette enquête a été réalisée auprès de 22 000 enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans, entre octobre 2015 et juin 2016. Cette étude demandait aux jeunes Français ce qu’ils pensent de leur vie et permettait de différencier les résultats en fonction de leur lieu d’habitation (centre-ville, quartier périphérique, quartier populaire, quartier prioritaire). Il s’agit de la 3e consultation de ce type organisée par l’Unicef en France.

Sans surprise, l’enquête pointe que près de la moitié des élèves des quartiers prioritaires ressentent des manques en infrastructures de loisirs et de culture. Mais ces jeunes perçoivent aussi des solidarités bien plus fortes que les autres enfants. Au sein de la famille, 67% se déclarent valorisés par leur mère, 55% par leur père contre 54% et 44% dans les quartiers plus favorisés. Ils sont également plus nombreux à affirmer pouvoir compter sur leurs amis (43,8% contre 34,5% pour ceux des centres-villes) et s’entendent mieux avec leurs voisins (71% contre 58%).

Plus inquiétant, 13% des élèves des quartiers prioritaires estiment que leurs droits ne sont pas respectés dans leur quartier, 7% qu’ils ne le sont pas en France, le double de ceux qui vivent en centre-ville. Ces enfants des quartiers défavorisés sont aussi plus nombreux à affirmer avoir été victimes de discriminations dans le quartier (9% contre 3,5%), à l’école (9,5% contre 5%), et à avoir été harcelés (36,2% contre 24% pour ceux du centre-ville).

Pour le sociologue Serge Paugam, l’un des auteurs de l’enquête, « certains enfants et adolescents intériorisent très tôt le sentiment d’être dévalorisés, peu respectés par les institutions, notamment l’école. Ils grandissent en ayant intériorisé l’idée de l’injustice ». Ce phénomène est particulièrement nuisible selon la spécialiste des affects (haptothérapeute) Catherine Dolto :

« L’intériorisation des injustices provoque soit une soumission génératrice de retrait et de repli sur soi-même avec déni de ses propres capacités, soit une révolte contre cette société qui ne sait pas voir les potentialités et le désir d’apprendre. Dans les deux cas, la société perd une intelligence qui s’éteint ou s’égare », commente-t-elle.

Télécharger le rapport de 2016 (68 pages)

Article initialement publié dans la lettre LaïCités
Back To Top