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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été reçu par le président français Emmanuel Macron début janvier 2018. Les deux hommes devaient aborder les sujets qui fâchent, à commencer par le respect des droits de l’Homme en Turquie. Qu’en est-il de la liberté de culte dans ce pays laïque, où de nombreux observateurs dénoncent une « islamisation » du pouvoir ?

Environ 99% des 80,3 millions d’habitants de la Turquie sont musulmans. Sunnites à environ 80%. Viennent ensuite les alévis (officiellement entre 10 et 15% de la population, plutôt 20 à 25% selon la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde (USCRIF)), qui ne sont pas considérés comme des musulmans par les autorités. Les alévis pratiquent un islam « hétérodoxe » : ils ne font pas le ramadan, ne vont pas en pèlerinage à La Mecque, fréquentent des « cemevi » (maison de rassemblement) plutôt que des mosquées et peuvent boire de l’alcool.

Du côté des minorités religieuses non-musulmanes, le pays compterait plusieurs dizaines de milliers de chrétiens orthodoxes arméniens (entre 60 000 et 90 000, descendants des survivants du génocide de 1915-1916), 25 000 catholiques, 17 000 juifs, 15 000 russes orthodoxes, 10 000 baha’is (monothéisme d’origine perse fondé au XIXe siècle ; voir LaïCités n°10), 22 000 yézidis (pour beaucoup des réfugiés), 7 000 protestants, 5 000 Témoins de Jéhovah et 2 000 grecs orthodoxes. Il existe aussi de petites communautés bulgares, géorgiennes et ukrainiennes orthodoxes, des catholiques arméniens et syriaques ainsi que des chrétiens maronites (voir LaïCités n°2).

En 1923, le traité de Lausanne a organisé un échange massif de populations entre la Turquie et la Grèce : la Turquie a expulsé des Grecs orthodoxes d’Anatolie (surnommés Rum), la Grèce des musulmans turcophones.


La laïcité turque est unique en son genre. Elle n’est pas une séparation sur le modèle de 1905, mais plutôt un contrôle de l’État sur la religion dominante dans le pays, l’islam. La laïcité est inscrite dans la Constitution turque de 1928. Elle fait partie des bases du pays fondé par Mustafa Kémal (surnommé Atatürk : « le père des Turcs ») après l’effondrement de l’Empire Ottoman (1923). Par exemple, la puissante Direction des affaires religieuses (Diyanet), qui rédige et envoie chaque semaine le texte du prêche du vendredi à toutes les mosquées du pays, est rattachée directement au Premier ministre turc. L’islam sunnite, majoritaire, est à la fois soutenu et contrôlé par l’État – qui se charge des programmes des cours de religion obligatoires.

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