Les prestataires privés de l'État et des collectivités sont-ils tenus à la neutralité religieuse dans le cadre de leurs prestations ?
Difficile définition
En France, le communautarisme est particulièrement décrié. Il désignerait, selon divers dictionnaires, des communautés qui revendiqueraient des droits spécifiques en fonction de leurs particularismes. Ce terme pourrait alors se rapporter à différents groupes revendiquant des droits particuliers, les chasseurs par exemple, mais on préfère l’expression de « groupe d’intérêt » les concernant. Dans son usage courant, le communautarisme implique deux idées sous-jacentes : le repli sur soi d’une communauté [nationale, ethnique, religieuse ou sexuelle], et la crainte qu’elle mette à mal la cohésion de la société dans son ensemble.
La conception française de la citoyenneté est tout à fait opposée à ces attitudes. Elle « a été forgée dans un contexte de lutte entre républicains et catholiques et de conquête de la démocratie. Elle se caractérise par une discontinuité volontaire entre la personne dotée d’intérêts et de préférences liés à ses diverses appartenances (sociales, religieuse, territoriales, etc.) et le citoyen, être abstrait doué d’une raison capable de le dissocier de ses appartenances pour le tourner vers la volonté générale et le fondre dans la communauté politique, nationale et républicaine. C’est à l’École qu’est confiée la lourde tâche de “ faire” des citoyens », selon Géraldine Bozec, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Nice Sophia Antipolis, auteure d’une thèse sur l’éducation à la citoyenneté (1). Cette analyse n’est pas sans rappeler le concept de « volonté générale » développé par le philosophe Jean-Jacques Rousseau dans son Contrat social :
« En effet, s’il n’est pas impossible qu’une volonté particulière s’accorde sur quelque point avec la volonté générale, il est impossible au moins que cet accord soit durable et constant ; car la volonté particulière tend, par sa nature, aux préférences, et la volonté générale à l’égalité » (Livre II, chapitre 1).
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