Les prestataires privés de l'État et des collectivités sont-ils tenus à la neutralité religieuse dans le cadre de leurs prestations ?
C’est le nombre de fidèles estimé par le Conseil national des évangéliques de France (Cnef), organisme fondé en 2010 qui fédère les principales églises de cette branche du christianisme en France. Un chiffre qui se subdivise en 500 000 « pratiquants réguliers » en France métropolitaine et 150 000 en Outre-Mer. La définition de ces « pratiquants réguliers » n’est pas précisée, mais il semblerait que le nombre de fidèles a été multiplié par 10 depuis les années 1950. Le Cnef dénombre 2 521 églises évangéliques en France, dont 2 263 en métropole. « Une nouvelle église locale naît tous les 10 jours, soit environ 35 nouvelles Églises supplémentaires par an », précise le livret statistique du Cnef, réalisé par le pasteur Daniel Liechti. À titre comparatif, il existe environ 40 000 églises catholiques en France, et 2 449 lieux de cultes musulmans selon les chiffres du ministère de l’Intérieur de 2012.
Les évangéliques constituent une branche du protestantisme. Il est parfois difficile de saisir ce courant dans la mesure où il n’est rattaché à aucune Église particulière – luthérienne, baptiste ou réformée par exemple.
Qui sont les évangéliques ?
Le chercheur Sébastien Fath décrit cependant quelques traits caractéristiques des évangéliques, en se basant sur les recherches de l’historien David Bebbington :
- La Bible
Comme tous les protestants, ils accordent une place centrale à la Bible et ne reconnaissent pas l’autorité du pape catholique. Sébastien Fath précise que les évangéliques mettent « l’accent sur la force normative de la Bible dans tous les domaines. La Bible est conçue comme un “code de la route” qui fait autorité dans tous les aspects de la vie du chrétien ». Autre spécificité, les évangéliques apprécient un « rapport direct » au texte biblique selon Sébastien Fath, ce qui « implique aussi une réticence marquée à métaphoriser les récits évangéliques. Quand le texte dit que Jésus accomplit un miracle, les évangéliques le considèrent comme un fait, pas comme une métaphore ». - La crucifixion
Si la crucifixion de Jésus est un élément important pour les chrétiens en général, elle est l’objet d’une lecture particulièrement dramatique et binaire (l’avant et l’après) chez les évangéliques pour Sébastien Fath. - La conversion
Pour résumer les choses, on pourrait dire qu’« on ne naît pas évangélique, on le devient ». La conversion par le baptême est un geste très important pour ces chrétiens, quand bien même le fidèle était auparavant un chrétien catholique par exemple. Ce baptême correspond à une nouvelle naissance pour les convertis, d’où le surnom de « born again » qu’on leur donne, notamment aux États-Unis. - Le militantisme
Les évangéliques sont très prosélytes, ils valorisent des démonstrations quotidiennes de leur foi et aiment montrer qu’ils sont chrétiens. Ce phénomène va surement de pair avec l’importance de la conversion. Il est indispensable de se faire connaître pour toucher de futurs convertis, mais aussi pour marquer une transformation depuis sa conversion.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les évangéliques représentent un tiers des protestants « mais trois quarts des pratiquants réguliers » selon le Cnef.
Pour aller plus loin :
- Soldats de Jésus, Les évangéliques à la conquête de la France, Linda Caille, Fayard, 2013.
- Le blog de Sébastien Fath. Du ghetto au réseau. Le protestantisme évangélique en France 1800-2005, Sébastien Fath, Labor et Fides, 2005
- Les statistiques du Cnef, édition 2017