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  • Raciste et fier de l’être ?

L’enquête de 2017 de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) pose explicitement la question « Diriez-vous de vous-même que vous êtes plutôt raciste, un peu raciste, pas très raciste ou que vous n’êtes pas raciste du tout ? » : en face à face, 22% répondent qu’ils sont « un peu » ou « plutôt racistes », une proportion qui passe à 31% lorsque la réponse est donnée via le questionnaire sur Internet. Si le chiffre n’est pas négligeable, le rapport note qu’il est en baisse depuis 2013, année où 35% des sondés se jugeaient eux-mêmes racistes dans des entretiens en face à face.

Au total, toutes nuances confondues, 45% des personnes sondées admettent une part de racisme chez elles. Parmi ces répondants, 48% se sentent coupables d’avoir des réactions racistes. La Commission des droits de l’Homme souligne que lorsqu’il est exprimé, ce racisme s’accompagne de justifications : pour 55% des interrogés, « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes ». Cette idée va parfois de pair avec celle que les étrangers et les immigrés ne font pas d’effort pour s’intégrer ou qu’ils sont favorisés par des aides.

Dans le même temps, l’enquête montre qu’une majorité nette (entre 70 et 95%) condamne les comportements discriminatoires tels que refuser l’embauche d’une personne en raison de la couleur de sa peau ou lui refuser la location d’un logement. L’indignation est plus forte lorsque la question concerne une personne noire par rapport à une personne d’origine maghrébine.

  • Plus d’actes racistes dans les zones rurales ?

La plupart des agressions racistes ont lieu en ville. Les deux tiers des crimes et délits racistes recensés par le ministère de l’intérieur ont eu lieu à Paris et dans les villes de plus de 200 000 habitants. Le rapport indique que « les communes rurales sont, dans l’ensemble, moins affectées (5% des victimes alors qu’elles abritent le quart de la population métropolitaine) ». Les grandes agglomérations concentrent 40% des habitants de l’Hexagone.

La plupart des faits rapportés aux forces de l’ordre ont lieu sur la voie publique (29%), dans un lieu ouvert à tous (20%), ou dans une habitation (19%). Les Services publics arrivent en quatrième position et comprennent 8% des faits.

Les victimes de ces agressions sont principalement des hommes (57%), âgés de 25 à 54 ans. Les plus jeunes et les seniors apparaissent peu dans les chiffres du ministère. Ce portrait type n’est sans doute pas exact étant donné que seules 6% des victimes signalent ces crimes et délits et que seules 3% portent plainte.

La laïcité, un antidote ?

Si la laïcité est bel et bien perçue comme un élément indispensable au vivre-ensemble, elle peut aussi servir d’argumentaire pour rejeter les autres.

Le rapport de la CNCDH montre que deux lectures de la laïcité se sont développées : la première liée à « la possibilité pour des gens de convictions différentes de vivre ensemble » (53% des répondants) ; la deuxième acception est liée à « l’interdiction des signes et des manifestations religieuses dans l’espace public » (30%) ou à « la préservation de l’identité traditionnelle » (19%). Les répondants pouvaient donner plusieurs réponses. La deuxième compréhension de la laïcité est parfois « convoquée pour justifier le rejet de l’autre, et d’abord du musulman », précise le rapport.

En 2016, la laïcité évoque quelque chose de positif pour 74% des interrogés, une remontée par rapport à 2011, année où à peine les deux tiers des sondés en avaient une vision positive.

Article initialement publié dans la lettre LaïCités
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