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Il s’appelle Selman Reda, il a 40 ans, il est seul sur la scène et il regarde une vidéo de l’islamologue Rachid Benzine. Ce dernier y explique la différence entre un texte oral et un texte écrit, le passage de l’un à l’autre et les problèmes de traduction et d’interprétation qui peuvent se poser, qui plus est à 14 siècles d’écart dans des sociétés où l’imaginaire et les besoins ne sont plus les mêmes. L’acteur raconte qu’il a été à la rencontre de l’islamologue parce qu’il se posait des questions sur son adolescence : après quelques années d’une enfance heureuse, « un jour, tout a changé », son père lui a imposé une éducation religieuse empreinte de rigorisme à partir de l’âge de 11 ou 12 ans : entrer dans les toilettes du pied gauche, se coucher sur le côté droit, manger avec la main droite – et avec 3 doigts seulement –, l’apprentissage par cœur de versets du Coran dont il ne comprenait pas tout à fait le sens et qui laisse des brimades voire de la violence paternelle ; Selman Reda explique avoir « fait des bêtises » et son père l’a chassé du domicile familial. À 16 ans, il a passé six mois dans la rue avant de se rendre chez une assistante sociale et de retrouver le chemin de l’école. Adulte, l’acteur a voulu comprendre ce qui est écrit dans le texte sacré qu’on lui a fait apprendre. « Certains d’entre vous ont lu le Coran ? » Quelques mains d’adolescents se lèvent dans le public. « Dans quelle langue, en arabe ? Et vous avez tout compris ? », « Non, pas tout », admettent la plupart. C’est là que commence un voyage dans l’Arabie occidentale du VIIe siècle, récit inspiré des connaissances de Rachid Benzine : l’acteur raconte les conditions de vie très difficiles de l’époque, le désert brûlant, le système tribal, les conflits et les alliances. Il commente une carte de la péninsule arabique et, au centre de la pièce, fabrique une maquette composée des dunes avec un tissu jaune. Au fur et à mesure des explications, il ajoute au centre de la table une oasis, des tentes, et des chameaux. Les jeunes venus assister au spectacle sont absorbés par cette remise en contexte.

« C’est au cours des trois semaines en résidence dans des établissements scolaires que nous avons pu élaborer cet aspect du spectacle. Nous n’avions pas mesuré à quel point l’histoire de l’Arabie pouvait les intéresser par exemple », explique Michel André, metteur en scène et co-fondateur du Théâtre La Cité.

Ce travail de terrain a nourri l’écriture du spectacle. La contextualisation géographique accompagne un voyage étymologique : au fil de son récit, l’acteur explique l’origine et l’évolution de certains mots, notamment le mot « djihad » qui existait avant l’émergence du Coran et de la religion islamique et signifiait « faire un effort en vue d’obtenir quelque chose ».

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