Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
Gérôme Truc est sociologue, chargé de recherche au CNRS. Il est l’auteur de Sidérations, une sociologie des attentats (PUF, 2016) dans lequel il analyse les réactions aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, du 11 mars 2004 à Madrid et du 7 juillet 2005 à Londres, et travaille aussi sur les réactions aux attentats à Paris de janvier et novembre 2015 dans le cadre du projet REAT. Ces enquêtes sociologiques s’appuient sur l’étude des discours politiques et médiatiques, mais surtout sur des milliers de messages aux victimes, ce qui permet de comprendre les réactions parfois paradoxales des individus face à ces drames.
Photo : ©Guillaume Braunstein
Quelles valeurs sont mobilisées et comment le sont-elles après un attentat ?
Gérôme Truc : Ce sont bien entendu d’abord celles du pays frappé, qui sont mobilisées dans les discours politiques que relayent les médias : liberté, égalité, fraternité après les attentats de janvier et novembre 2015 par exemple. Mais ce ne sont pas les seules.
Dans les réactions publiques des citoyens, les messages de soutien adressés aux victimes ou les posts sur les réseaux sociaux par exemple, bien d’autres valeurs sont invoquées : la paix et l’amour, qui sont très présents, mais aussi le respect de la vie, la tolérance, le respect, etc.
Il y a un hiatus assez net entre le niveau des réactions politiques et celui des réactions sociales, avec souvent, dans ces dernières, une forme de prise de conscience de « ce qui compte », pour nous, dans ces circonstances. Après le 13-Novembre, par exemple, la jeunesse est invoquée comme une valeur, alors que si on demandait dans l’absolu aux Français qu’elles sont les « valeurs » les plus importantes à leurs yeux, il est peu vraisemblable que la jeunesse soit citée.
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