Les prestataires privés de l'État et des collectivités sont-ils tenus à la neutralité religieuse dans le cadre de leurs prestations ?
Philippe Raynaud est professeur de sciences politiques à l’université Paris II-Panthéon-Assas et philosophe. Il est l’auteur de La Laïcité, Histoire d’une singularité française (Gallimard), ouvrage dans lequel il revient sur les origines de la laïcité qu’il fait remonter aux guerres de religion, au XVIe siècle, lorsque l’Édit de Nantes implique qu’on peut être bon Français sans être catholique. Comment comprendre ce principe dans notre société où les incroyants sont majoritaires ?
Les incroyants sont aujourd’hui majoritaires en France, de l’ordre de 55%. Y a-t-il un lien avec la laïcité à la française ? En serait-ce une conséquence ?
Philippe Raynaud : Cela correspond à une évolution générale dans les démocraties, qui est certainement accentuée en France, mais pas plus qu’en Hollande, par exemple, où le système de gestion du fait religieux est très différent. La plupart des démocraties sont détachées de la religion – moins aux Etats-Unis qu’en Europe – ce n’est pas significativement français. Ce qui est vrai c’es que la laïcité française a eu la particularité d’affirmer non seulement l’idée de la liberté religieuse, mais l’idée qu’on avait le droit de croire et aussi de ne pas croire. C’est plus marqué en France que partout ailleurs, au départ.
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