Régulièrement, les signes religieux font la Une des journaux et focalisent le débat public. Or la frontière entre signes profanes et religieux n’est pas toujours claire et interroge.
Que s’est-il passé ?
Samedi 12 mai 2018, M6 diffusait un reportage sur Parcoursup, la plateforme controversée qui permet aux lycéens de formuler leurs vœux d’orientation pour leurs études supérieures. Les journalistes interrogeaient notamment Maryam Pougetoux, représentante du syndicat étudiant de gauche l’Unef à Paris IV-Sorbonne. Un premier tweet de Laurent Bouvet, co-fondateur du mouvement Le Printemps Républicain et professeur de sciences politiques à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, ironisait sur la « convergence des luttes à l’Unef ».
Face à l’emballement sur les réseaux sociaux, Laurent Bouvet expliquait dans différents entretiens, dont un au Figaro, que ce n’était pas tant le port du voile à l’université qui le gêne – il est contre l’interdiction des signes religieux dans l’enseignement supérieur – mais « le fait que cette jeune femme apparaisse dans les médias pour parler au nom d’un syndicat étudiant de gauche, qui affiche des principes progressistes et féministes, vêtue d’un voile qui ne laisse voir que l’ovale de son visage, donc qui indique ostensiblement non seulement son appartenance religieuse mais une croyance particulière, stricte, au sein de l’islam, m’a sauté aux yeux comme l’illustration de l’incohérence du discours de l’UNEF au regard de ses pratiques militantes. On ne peut prétendre défendre la contraception, l’IVG, le mariage pour tous, la PMA… et avoir pour représentante et porte-parole à la Sorbonne une militante qui affiche une expression de l’islam qui dit exactement le contraire, avec virulence ». Sur Facebook, il a publié un article intitulé « Il n’y a pas de féminisme voilé » dans lequel il développe son raisonnement.
De son côté, le philosophe Raphaël Enthoven, plutôt proche pourtant du Printemps républicain, estimait sur Europe 1 que Laurent Bouvet s’était montré islamophobe en ne jugeant que l’apparence de la jeune femme qui ferait d’elle une représentante de l’islam politique : « or, d’après ses vêtements, on n’en sait rien. Elle est peut-être rock’n roll, Maryam Pougetoux », a-t-il ironisé. Le philosophe précise que le politologue Laurent Bouvet n’est en aucun cas raciste, et que l’islamophobie n’est pas une forme de racisme. « La détestation d’une religion n’a rien à voir avec la haine d’un peuple », a-t-il affirmé.
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