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1 – “Ce sont les musulmans qui ont inventé les différences capillaires hommes/femmes”

Paul de Tarse, plus connu sous le nom de Saint Paul chez les chrétiens, est le premier à avancer des arguments strictement religieux concernant les cheveux des femmes. Dans la première épître aux Corinthiens, qui figure dans le Nouveau Testament, il indique :

« toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef ; car c’est exactement comme si elle était rasée. / Si la femme ne porte pas de voile, qu’elle se fasse tondre ! Mais si c’est une honte pour une femme d’être tondue ou rasée, qu’elle porte un voile ! […] est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée ? / La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas qu’il est déshonorant pour l’homme de porter les cheveux longs ? / Tandis que c’est une gloire pour la femme, car la chevelure lui a été donnée en guise de voile ». (1 Cor 11 : 3-15).

Selon divers spécialistes, Paul de Tarse cède ici aux coutumes païennes qui voulaient de seules les prostituées marchent dans la rue tête découverte. La règle qui impose aux femmes de prier voilées est toujours appliquée par certains courants chrétiens. Par exemple, les Éthiopiennes orthodoxes se couvrent systématiquement pour assister aux offices religieux. En France, les femmes catholiques ont couvert leurs cheveux à l’intérieur des églises jusqu’aux années 60.

2 – “Quelle que soit la religion, la chevelure est signe de tentation ”

Pas seulement, même lorsqu’il n’est question que des femmes. Dans l’Égypte ancienne, les postiches des aristocrates étaient autant un symbole de pouvoir que de séduction. Dans l’Antiquité, les femmes grecques coupaient leur longue chevelure juste après leur mariage et en faisaient don au temple pour assurer leur fertilité. Le rapport au cheveu ne se résume pas tout à fait à la séduction. Il varie en fonction des époques, des modes et des croyances.

Du côté des hommes, la signification est toute autre. Pour les Amérindiens, scalper l’ennemi était un symbole fort. Ils s’appropriaient ainsi la virilité de leur adversaire. Cette pratique existait aussi chez les Scythes, un peuple des steppes installé jusqu’aux bords de la Mer Noire, selon l’historien grec Hérodote. Cette croyance rappelle le mythe biblique de Samson, nazir dont la force extraordinaire était en fait liée à sa longue chevelure. Lorsque sa femme Dalila le trahit et lui coupe les cheveux dans son sommeil, Samson perd toute sa force.

Aujourd’hui encore, les membres de confréries musulmanes soufies – certains derviches par exemple – estiment suivre l’exemple du Prophète en portant les cheveux longs. Ils les détachent et les font virevolter au cours de danses qui leurs permettent d’entrer en transe jusqu’à se sentir en communion avec Dieu.

3 – “La barbe islamiste ”

La barbe est souvent présentée comme un indice de radicalisation. Elle reste pourtant un attribut polysémique à envisager dans toute sa diversité. Difficile de déduire une signification purement religieuse par sa forme ou le soin qui y est apporté.

Seuls les experts les plus aguerris peuvent s’y essayer dans le mesure où ils connaissent bien tous les usages et suivent leurs variations de très près. Par exemple, certains spécialistes du Moyen-Orient remarquent bien les différences entre la barbe courte et soignée des Frères musulmans ou celle plus brousailleuse et généralement sans moustache des salafistes. Barbes qui peuvent d’ailleurs s’accompagner de couvre-chefs. Dans les premiers temps de l’islam, la barbe était probablement un signe pour marquer la différence entre les musulmans et les autres croyants.

Aujourd’hui, au Moyen-Orient, porter une barbe n’est pas un attribut strictement musulman. Les religieux chrétiens- orthodoxes, les coptes-orthodoxes égyptiens par exemple, portent une barbe fournie.

Article initialement publié dans la lettre LaïCités
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