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Serge Blisko, médecin de formation, est président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) depuis 2012. Cet organisme de l’État a été créé par le gouvernement en 2002, en remplacement de la « Mission interministérielle de lutte contre les sectes ». La Miviludes observe et analyse les phénomènes sectaires, informe le grand public, et assiste les pouvoirs publics dans les actions de prévention et de répression des mouvements sectaires.

Pourquoi l’appellation « dérive sectaire » plutôt que « secte » ?

Serge Blisko : Parce qu’il existe des difficultés de définition : qu’est-ce qu’une secte ? quelle différence avec une religion ? On connaît la célèbre formule d’Ernest Renan, “Une religion est une secte qui a réussi”, où donc placer le curseur ? L’État ne reconnaît aucun culte, c’est inscrit dans la loi de 1905. De la même façon qu’il ne s’autorise pas à dire que tel mouvement est une Église, il ne peut pas dire que tel autre est une secte. D’autant qu’on trouve des mouvements sectaires très divers, certains sans grandes références religieuses, d’autres avec des références philosophiques, parfois spiritualistes, mystiques ou ésotériques. En 1995-1996, la mission parlementaire de lutte contre les sectes avait publié une liste d’environ 500 mouvements sectaires, baptisés « sectes ». Cela a donné lieu à des difficultés juridiques : des mouvements ont saisi les tribunaux administratifs pour contester cette appellation ; d’autres ont tout simplement changé de nom ou de département, rendant la dénomination caduque. Par exemple, « La conscience de Vishnou » est devenue « Vishnou en pleine conscience » dans le département voisin. Cette expérience a démontré qu’on ne peut pas définir une secte. De fait, il devient clair que nous ne pouvons nous attaquer qu’aux débordements, c’est ce qu’on appelle les dérives sectaires. La dérive sectaire c’est justement quand un mouvement, qu’il soit d’origine philosophique religieuse, mystique, ésotérique, de médecines alternatives, ou le comportement de son/ ses leader(s), représente une menace pour la santé, l’intégrité physique ou l’intégrité morale d’une personne, d’une famille voire un danger pour la société.

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