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Comment comprendre ces phénomènes ? Assiste-t-on vraiment à un « retour du religieux » ? Et quelle forme prend-il ? L’éclairage de Philippe Portier, directeur du GSRL (Groupe Sociétés, Religions, Laïcités) du CNRS, Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE) et titulaire de la Chaire « Histoire et sociologie des laïcités ».

Quelle forme le “retour du religieux” prend-il

L’idée d’un « retour » implique que notre « aujourd’hui » s’opposerait à la période 1950- 1980, marquée par un recul des croyances et des pratiques religieuses, note Philippe Portier :

« En France, l’année qui marque la rupture est 1965. Elle vaut dans le champ social, comme l’a montré le sociologue Henri Mendras*, mais aussi dans le champ religieux : le nombre de baptêmes commence à reculer, on assiste aussi à une crise des vocations sacerdotales se traduisant par une baisse des ordinations. La pratique religieuse connaît un véritable déclin. Le processus est engagé dès la fin des années 1950, mais c’est au cours des années 1960 que s’opère une véritable décroissance ».

Y a-t-il un lien avec le concile Vatican II (1962-1965), ce grand travail entrepris par l’Eglise catholique pour réformer en profondeur ses pratiques (abandon de la messe en latin, simplification des rites, consécration de la liberté religieuse) ? Philippe Portier n’écarte pas l’idée mais ajoute qu’il faut tenir compte des importantes transformations sociales qui ont changé la France dans ces années-là :

« L’urbanisation, les niveaux d’éducation plus élevés, l’individualisation des conditions de vie. Tout cela participe d’une reconfiguration du social qui n’est pas sans influence sur la configuration même du religieux ».

Il précise qu’à ces indicateurs, s’ajoutent des grilles d’analyses intellectuelles :

« À l’époque, le discours marxiste était une grille d’intellection de l’histoire très importante. Or il considérait – tout comme les sociologues libéraux aux Etats-Unis – que la perte du religieux était le devenir de nos sociétés : c’est le grand concept de sécularisation, l’idée que demain, le religieux aura disparu de nos horizons ».

*Dans La Seconde Révolution française (1965-1984), le sociologue Henri Mendras analyse les transformations de la société française à l’aune des bouleversements économiques : quasi-disparition de la paysannerie traditionnelle, explosion de la croissance économique, développement spectaculaire du secteur tertiaire, décentralisation des institutions, individualisation des mœurs.

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