En matière de laïcité, quelles sont les règles applicables aux parents d'élèves, notamment lorsqu'ils accompagnent des sorties scolaires ?
Le kichali est un petit foulard porté par certaines femmes à la Réunion, aux Comores ou à Mayotte, parfois noué autour de la tête comme un bandana. Il peut être porté pour des motifs religieux par des femmes musulmanes, mais il fait également partie de la tenue traditionnelle dans ces régions, indépendamment de tout motif spirituel.
Le bindi, quant à lui, est ce point – souvent rouge mais pas toujours – apposé sur le front par certaines femmes indiennes ou d’origine indienne. Originellement lié à une croyance hindoue, la symbolique du “troisième œil”, il est également adopté par de nombreuses jeunes femmes pour des raisons esthétiques, culturelles ou familiales.
En 2018, une circulaire du rectorat de la Réunion demande explicitement aux chefs d’établissement scolaires publics de faire retirer aux élèves “les signes ostensibles d’appartenance religieuse ou communautaire”, citant notamment le kichali et le bindi. Ce rappel à la loi de 2004, souvent appliquée avec souplesse sur l’île, suscite alors une vive émotion dans la communauté éducative locale. Certains dénoncent un “raidissement de la laïcité” et la remise en cause d’un équilibre perçu comme pacifié.
Aujourd’hui encore, la situation reste floue à La Réunion. Entre zèle excessif, accommodements progressifs ou tolérance assumée, les pratiques varient fortement selon les établissements. De nombreux personnels scolaires continuent de revendiquer une forme de “laïcité créolisée” : un modèle local fondé sur la reconnaissance des expressions religieuses comme partie intégrante de l’identité culturelle des élèves. Si la circulaire de 2018 a marqué un tournant, elle n’a pas mis fin aux spécificités insulaires et la laïcité y demeure un terrain de négociation.